Abderrahmane Sissako – Un Vrai Humaniste

Eleanor Morris presents a personal review of Abderrahmane Sissako’s 2014 film Timbuktu. By considering Sissako’s treatment of the recent violence in Mali, Eleanor concludes that the film masterfully depicts the paradoxical nature of all human life. Timbuktu was nominated for the Palme d’Or at the Festival de Cannes 2014.
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La scène de la flagellation de Fatou dans Timbuktu, m’a rappelée la flagellation de Patsey dans Douze ans d’esclavage, parce qu’elle était tout aussi pénible à regarder. Cependant, c’était seulement un bref rappel. Sissako (le réalisateur de Timbuktu) donne une profondeur aux scènes de violence qui sont abondantes et une direction qui respecte la dignité de l’homme. Douze ans d’esclavage est un film qui divise le public. La grande violence démontrée dans ce film a repoussé les limites de tabou pour certaines personnes. Le film est situé au début de la prise en charge djihadiste du nord du Mali en 2012. Dans ce cadre, Sissako donne ingénieusement une complexité émotionnelle à la nature de ses agresseurs ainsi que celle de leurs victimes. Grace à ce beau film, mes opinions sur l’honnête représentation d’un sujet tabou ont changé.

Tout d’abord, l’absence distincte de l’hystérie dans cette société malienne vous dupe par rapport aux intentions de ces supposés. Pourtant, la société a été envahie par les djihadistes, et ce sont les français, les anglais et les arabes qui sont ceux qui doivent sauver la société. J’ai trouvé plutôt étrange l’expérience de me sentir neutre envers ces terroristes, alors qu’ils ont éradiqué le patrimoine et la liberté d’expression, en interdisant le football, la musique et la apparence des femmes en public. Mais le film montre que les djihadistes sont des humains, des hommes qui ont encore un cœur et qui ont de l’empathie. Il faut admettre que j’avais presque pitié pour l’une des recrues djihadistes en particulier, qui est clairement en désaccord avec sa propre personne entre sa sympathie innée pour Kidane et sa fidélité à une interprétation extrême de la charia, qui l’oblige à enterrer son émotion humaine. Les djihadistes qui font les cours de conduite dans le désert, en discutant du football et une tentative avortée d’un garçon de faire une vidéo expliquant son dévouement à l’écriture, crée une vision séduisante de leur monde et vous rend à l’aise. Vous êtes ignorants de la menace réelle pendant une longue période. La beauté de l’instant se voit dans une scène ou les enfants font semblant de faire des étirements au lieu de jouer au football, drôle et ironique car ils n’ont même pas un ballon de football, ce qui crée un faux sentiment de coexistence entre la communauté et les terroristes. Comme par exemple, la lutte entre Kidane (un éleveur) et Amadou (un pêcheur) qui culmine dans une fin fatale face à un magnifique coucher de soleil malien. Ceci nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, le monde reste un endroit magnifique. Vous ne pouvez pas vous empêcher de prendre du recul et de contempler la beauté et la tranquillité de la nature en dépit du drame qui se déroule avec la mort d’Amadou.

Sissako fait plus que donner un cœur aux terroristes. La beauté et l’honnêteté du film est créé par la capacité du réalisateur de dénoncer l’intolérance mais de créer des agresseurs qui pensent et ressentent la douleur. Cette profondeur de l’empathie des personnages met en évidence l’ironie de l’humanité. Par exemple, Satima la femme de Kidane, n’a pas le pouvoir de s’opposer à sa décision téméraire de prendre un fusil pour confronter le pêcheur. Elle doit alors souffrir de l’impulsivité têtue du patriarcat. La subordination des femmes fait partie d’une société qui est considéré tolérante, ainsi que d’un idéal d’une société extrémiste. Timbuktu souligne la complexité de l’humanité qui ne peut pas simplement être étiquetée comme le bien ou le mal.

Malgré tout, le détournement de la dignité humaine est condamné. Mais c’est la beauté et la grâce subtile avec laquelle cette condamnation est peinte qui rend ce film digne de respect. L’image du tir de statuettes est très saisissante. La caméra se concentre sur les seins des statuettes pour que le spectateur n’oublie pas la perte de la culture matérielle, mais pense à l’effet sur le bien-être humain au Mali. Timbuktu est une histoire d’injustice, de violence et de remords, mais aussi une histoire de la vie, la beauté et la tranquillité. C’est cette imbrication de la violence et de la beauté qui fait Timbuktu soit un film profond mais également honnête. Cette beauté subtile offre une représentation plus honnête de la tragédie plutôt que de la violence graphique et de l’hystérie.

If you would like to review a French or Francophone film for
The Glossa, please email Sarah Jones at glossa.french@gmail.com.

Photo Credit: variety.com

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